Au matin, le 15 février

Notre troisième lutin, ici nommé « mini Lutin » est né mercredi 15 février. Comme ses frères, nous l’avons attendu quelques jours « en plus ».

Ce matin-là, je suis réveillée par une contraction un peu douloureuse; il est 4h01. Je suis un peu surprise, habituellement mes contractions surviennent plus tard dans la journée. Jusqu’à 5h30, j’ai quelques contractions, complètement anarchiques et à peine douloureuses. Puis, la douleur augmente d’un cran et survient toutes les 5 minutes. P’tit Mari est réveillé. Je lui demande de ne pas partir tout de suite au travail, je n’ai pas envie de rester seule avec les deux Lutins.

Vers 6h15, nous décidons d’appeler notre sage-femme pour prendre conseil. Elle nous donne rendez-vous une heure plus tard. Tout s’enchaîne. Nos deux grands sont réveillés, nous appelons leurs grands-parents pour leur dire que nous partons à la maison de naissance et que nous passerons les déposer (c’est entendu avec les grands-parents depuis longtemps, merci à eux!). Quelques affaires rassemblées et hop, tout le monde dans la voiture.

Il neige doucement, il fait encore nuit. Les contractions se rapprochent, toujours gérables facilement. J’embrasse mes Lutins et nous repartons pour la maison de naissance. Notre sage-femme nous attend. Nous sommes heureux de nous retrouver ce jour. Il est 7h30, la dilatation en est à 3-4 cm. Tout va bien. Je suis assise sur le lit et nous discutons entre les contractions. P’tit Mari me masse le dos. Au début, je lui demande de poser ses mains à chaque contraction, puis j’économise mes paroles, je pose juste ma main sur sa cuisse pour lui indiquer qu’une contraction arrive. Petit à petit, je me sens « partir ».

Je ne peux plus participer à la conversation. J’entends ce qui se passe mais je suis un auditeur neutre. Je crois que j’ai les yeux fermés, je me balance doucement. Une heure passe. La sage-femme me demande si je souhaite prendre un bain. Je dois revenir un peu pour réfléchir et répondre. La grande baignoire met une demi heure à se remplir. 6-7 cm. J’accepte le bain et referme les yeux.

L’eau est chaude, je suis allongée, bien. Je ne bouge pas du tout et respire calmement. Seul mouvement de mon corps, serrer très fort la main de P’tit Mari (d’ailleurs, c’est lui qui peut indiquer la fréquence et l’intensité des contractions à la sage-femme, pas besoin de monitoring). Les contractions sont très rapprochées et très douloureuses. Je me concentre. Je visualise un vase contenant la douleur et me répète à chaque contraction que la douleur s’échappe du vase, qu’il faut la laisser partir. Soudain, je sens que le besoin de pousser arrive. Je sors un peu de mon état de semi conscience, je me dis que la sage-femme va m’examiner et que je sortirai peut-être de l’eau pour commencer à pousser. A la contraction suivante, je pousse un peu pour voir. Le résultat ne se fait pas attendre: la poche des eaux éclate dans la baignoire, un gros ploc, comme un bouchon de champagne. La sage-femme s’approche et dit calmement « ah mais il arrive ce bébé ». Encore une contraction. Je sens qu’il faut simplement que je pousse très fort. Et notre bébé vient au monde dans l’eau. 9h11.

Il est posé sur moi. Je n’en reviens pas. J’ai l’impression d’ouvrir les yeux avec lui, comme après un long voyage. Nous faisons connaissance à 3. Nous avons un 3ème fils. Je lui donne son prénom. Bonheur indescriptible.

Nous passons une nuit à la maison de naissance, avant de rentrer chez nous et enfin rassembler toute la famille. Tout le monde est ravi, nous apprenons notre vie à 5. Merci à mon P’tit Mari, merci à N., merci la vie.